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Le Relève Pitch

Jean-Eric SIMONNOT : enjeux climatiques et préparatifs du championnat d’Europe féminin

 

Jean-Eric SIMONNOT, greenkeeper du Golf de Saint-Germain partage son histoire, les enjeux climatiques auxquels l’équipe en charge du terrain fait face, et les particularités des préparatifs du championnat d’Europe féminin qui s’est déroulé fin juillet.

 

« Élevé en Corrèze, j’ai toujours aimé être dans la nature. J’ai commencé le golf à 10 ans (*), mon père était Président de l’association du Golf du Coiroux en Corrèze. J’ai une formation d’aménagement paysager, avec une spécialisation de gestionnaire de parcours et d’intendance (sols, fertilisation, maladies et physiologie des plantes, construction, architecture, irrigation …)

Je suis arrivé au golf de Saint-Germain pour un stage avec Jean-Marc Legrand. J’ai apprécié le franc parlé de Jean-Marc, son accueil et me suis tout de suite senti à l’aise avec lui. A l’époque, je craignais de monter à la capitale et ne m’attendais pas à y trouver ce links naturellement boisé… au point d’y trouver des cèpes. J’ai découvert un vrai petit bijou, avec les mêmes particularités qu’un golf de campagne. Formé à Saint-Germain pendant 2 ans, j’ai officiellement rejoint l’équipe en 2012 en tant qu’adjoint, jusqu’à prendre la succession de Jean-Marc il y a 2 ans. Depuis, les grands rendez-vous se sont enchaînés : la Golfer’s, le centenaire, le Championnat d’Europe féminin.

 

Pour faciliter le travail à effectuer sur le terrain, pour ce type de compétition exigeante, avec mon adjoint Jonathan Samakh (qui était greenkeeper au golf d’Étretat) nous essayons de maintenir un très haut niveau de qualité du parcours, toute l’année.

Pour le championnat d’Europe, toute l’équipe est restée sur le pont jusque fin juillet. Le plus dur reste d’être tributaires du temps : la canicule est annoncée, le parcours va souffrir. L’été, les fairways sèchent gentiment, mais le plus important reste la qualité des greens, les approches de greens, les bunkers et les départs.

  • Les greens sont bouillants en période de forte chaleur ; on les arrose méthodiquement pour maintenir le taux d’humidité adéquate et pour qu’ils restent fermes.
  • Les bunkers ont été rechargés de 40 tonnes de sable pour garantir une bonne épaisseur de sable (5-7 cm). Nous travaillons la finition, les détails, le découpage précis des 147 bunkers.
  • L’enjeu des départs, c’est d’avoir toujours les pieds parfaitement à plat car au fil du temps ils se bombent, avec l’ajout de terre sur les traces des frappes. Cela fait environ 7 ans que nous les refaisons, les uns après les autres, année après année.
  • Nous épaississons également les roughs et les buttes qui sont en tombée de drive des championnes (comme au 10 à droite, au 13…), sans pénaliser les membres.

 

Enjeux climatiquesNous rentrons dans une nouvelle ère dans la gestion des parcours de golf. Depuis le 1er juillet 2022, nous avons un premier niveau d’interdiction avec la loi Labbé qui interdit de traiter les hauts roughs et les bunkers en herbicides (produits phytosanitaires « chimiques »). Le marché propose actuellement des produits naturels de substitution, qui ne sont pas aussi efficaces que les fongicides de synthèse. En 2025, les produits phytosanitaires seront  interdits; les attaques de maladies et mauvaises herbes seront donc plus fréquentes.

De plus, le climat change, nous ne sommes pas à l’abris de restrictions d’arrosage et devrons changer nos méthodes, comme c’est le cas dans nos vies personnelles avec l’impact des sujets de développement durable sur l’alimentation, la gestion des déchets, l’énergie…

Pour anticiper ce type de contrainte, nous devrons favoriser le développement des graminées en améliorant  la circulation de l’eau et de l’air, par des aérations et un système d’irrigation plus efficace et économe en eau (notre système d’arrosage a 40 ans) . Nous augmenterons notre capacité de stockage et de récupération des eaux de pluies.

Nous allons également introduire de nouvelles graminées plus résistantes à la sécheresse.

En résumé, l’entretien des parcours va évoluer, nous utiliserons moins d’eau, moins de produits et nous ferons plus d’opérations mécaniques (aérations, sursemis…), les golfeurs devront s’adapter.

 

Certains pays sont déjà passés au « zéro phyto », ils utilisent des macérations de plantes, des algues. Nous sommes en contact et suivons leurs travaux (ex : la Belgique, la Norvège, la Suède). Le golf de Saint-Germain est bien placé pour y parvenir, car nous sommes déjà en route dans cette démarche, et ce depuis des années. Un gros travail a déjà été fait en faveur de la biodiversité, pour conserver l’esprit naturel du parcours. Nous avons des bois, une faune et une flore exceptionnels ; en témoigne le label argent obtenu il y a 2 ans en  2020. 

 

Ce que j’aime dans mon métier, c’est de sentir l’implication de toute l’équipe des jardiniers, ils s’intéressent à ce qu’ils font, avec un souci du travail bien fait. A Saint-Germain les conditions de travail sont exceptionnelles : on s’adapte à la météo et à la nature, chacun est pris en considération et on passe de bons moments. Il y a également une relation saine de travail et de confiance avec François Bardet, qui fait beaucoup pour que Saint-Germain soit si particulier pour l’équipe. »

 

* : Jean-Eric est 8 d’index